Et si demain, l’argent disparaissait ?

Pas juste les billets. Tout. Les chiffres sur ton appli bancaire. Le “crédit” accordé à ton pote pour son foodtruck. Le virement du proprio. Zip. Nada. Plus rien.

On serait bien embêtés, non ? Pas d’argent, pas de banque. Pas de banque, pas de crédit. Et sans crédit ? Plus de projets, plus de développement. Bref : on recule.

Alors avant de parler cryptos, taux d’usure ou Livret A, posons-nous une question simple : d’où vient l’argent ? Qui le fabrique ? Qui décide qu’un chiffre dans une appli vaut quelque chose dans le monde réel ?

Spoiler : c’est pas aussi simple qu’on le croit.

1. L’argent qui circule, c’est pas celui qu’on croit

Quand on pense à “création monétaire”, on imagine une imprimerie avec des liasses de billets qui sortent à toute vitesse. En vrai ? Plus de 90 % de l’argent est dématérialisé. Des chiffres. Des lignes. Des promesses.

2. Théorie 1 : les banques comme tuyaux

Imagine un grand circuit de plomberie. L’argent coule dedans. Les banques, applis de paiement ou assureurs font circuler ce flux. Quand Morgane épargne 10 000 €, la banque peut les prêter à Jordan pour son projet. Pas de magie. Juste du recyclage.

Dans cette version, la banque ne crée pas d’argent. Elle le fait passer d’une main à une autre. Utile, mais pas spectaculaire.

3. Théorie 2 : les banques comme imprimeurs digitaux

Là, on entre dans le vif. Bienvenue dans le monde des réserves fractionnaires.

Une banque centrale imprime de la monnaie centrale (celle qu’on ne voit jamais). Une banque de dépôt, elle, peut créer de la monnaie scripturale (celle qu’on voit sur nos apps).

Comment ? Elle garde une toute petite réserve (disons 1 %) et prête le reste. Ce prêt devient un dépôt ailleurs, qui sera à son tour partiellement prêté. Boucle infinie. L’argent se multiplie. Magique ? Non. Légal. Mais fragile.

4. Théorie 3 : ex nihilo baby

Ici, pas besoin de dépôt initial. La banque crée l’argent au moment même où elle accorde le crédit. Jordan veut acheter un vélo ? La banque crée les fonds de toute pièce. Et les détruit une fois le crédit remboursé.

C’est littéralement de l’argent sorti du vide, encadré par des règles strictes (ratios Bâle III, réserves obligatoires, etc.).

Mais alors, où est le risque ?

Si on crée trop, l’inflation s’emballe. Si on bloque tout, l’économie dépérit. C’est un équilibre fin. Mais dans les deux cas, ce qu’on comprend : sans crédit, il n’y a pas de mouvement. Et sans mouvement ? Pas de croissance. Pas de boîtes qui embauchent. Pas de logements qui sortent de terre. Pas de Rémy qui ouvre son resto.

Alors oui, il faut réguler. Encadrer. Mais surtout comprendre. Parce qu’à la fin, l’argent, c’est un outil. Et comme tout outil : il peut construire ou détruire.

La seule chose qui fait la différence, c’est ce qu’on en fait.

Et maintenant, imagine un monde sans cet outil…